Les autorités mettent en place la Silicon Valley Bank aux enchères
Les autorités américaines ont mis aux enchères la banque en faillite Silicon Valley Bank (SVB) avec l’objectif de trouver un repreneur avant l’ouverture des marchés asiatiques lundi. Les clients vont pouvoir retirer l’intégralité de leurs dépôts.
C’est la plus grande faillite bancaire aux États-Unis depuis la crise financière de 2008. Les autorités américaines ont mis aux enchères la Silicon Valley Bank (SVB), une banque proche des milieux de la tech qui s’est révélée difficile en, dimanche 12 mars, avec l’objectif de trouver un repreneur avant l’ouverture des marchés asiatiques lundi.
Selon le Washington Post, la limite de dépôt des offres a été fixée à dimanche 19 h 00 GMT. Sollicitée par l’AFP, l’Agence de garantie des dépôts (FDIC), qui a initié la vente, s’est refusée à tout commentaire.
L’élu démocrate à la Chambre des représentants Josh Harder a confirmé la tenue d’enchères au site d’information Axios, estimant que la limite pourrait être repoussée pour laisser aux possibles acquéreurs le temps d’étudier les comptes de SVB.
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« Nous voulons nous assurer que les problèmes qui affectent une banque ne créent pas de contagion à d’autres qui sont solides », avait déclaré dimanche la ministre américaine des Finances Janet Yellen lors d’un entretien avec la chaîne CBS, avant que plusieurs médias les américains ne fassent état du processus d’enchères.
« Je suis certain (que la FDIC) envisage une large palette de solutions, qui inclut une acquisition » par une autre banque, déclarée par le secrétaire au Trésor.
Le retrait de tous les dépôts possible
Les autorités ont annoncé les États-Unis, plus tard dimanche, qu’elles allaient permettre aux clients de la banque de retirer l’intégralité de leurs dépôts, une décision hors norme pour rassurer les particuliers et les entreprises.
La mesure a été prise par la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, et annoncée conjointement avec la Réserve fédérale (Fed) et la FDIC, après consultation avec le président américain Joe Biden, selon un communiqué.
Les dépôts se montaient autour de 170 milliards de dollars, selon un document publié mercredi par l’établissement, mais des retraits colossaux sont intervenus depuis.
Quelque 42 milliards de dollars d’ordres de retraits ont été passés sur la seule journée de jeudi, mais tous n’ont pu être honorés.
Un rappel de 2008
Émanation du gouvernement américain, la FDIC à pris vendredi le contrôle de Silicon Valley Bankau bord de l’implosion sous l’effet de retraits massifs de ses clients.
La course contre la montre engagée par les autorités américaines rappelle le week-end des 13 et 14 septembre 2008.
Elles avaient alors échoué à trouver un repreneur pour la banque Lehman Brothers, la poussant au dépôt de bilan le lundi, avec des conséquences dramatiques pour le secteur financier et l’économie toute entière.
Si les grandes banques ont jusqu’ici été épargnées, plusieurs établissements américains de taille moyenne ou régionale ont dévissé en Bourse vendredi, fuis par des investisseurs inquiets.
C’est le cas notamment de la Californienne First Republic, qui a lâché près de 30 % en deux séances, jeudi et vendredi, ou de Signature Bank, fermée par les régulateurs dimanche soir.
Les deux établissements ont, comme SVB, une importante proportion de sociétés dans leur portefeuille de clients, dont les dépôts présentent souvent le montant maximum assuré par la FDIC, soit 250 000 dollars par déposant, ce qui pourrait les pousser à retirer leurs fonds.
Quelque 96 % des dépôts logés chez SVB ne sont pas couverts, selon des données publiées par l’institution.
Répercussions sur le secteur technologique
Outre la stabilité du système bancaire, beaucoup se disent préoccupants par les répercussions de la faillite de SVB sur le secteur technologique, américain mais aussi au-delà.
SVB se targuait d’avoir pour des clients « près de la moitié » des entreprises technologiques et des sciences du vivant financées par des investisseurs américains.
Dimanche, le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a montré que la chute de SVB posait un « risque sérieux » pour le secteur de la technologie de son pays.
Janet Yellen a écarté dimanche un sauvetage de SVB via une injection d’argent public.
« Durant la crise financière (de 2008), des investisseurs de grandes banques systémiques », dont les autorités estiment que la chute présenterait un risque pour l’ensemble du système financier, « ont été secourus » par le gouvernement américain, at-elle rappelée . « Nous n’allons pas le refaire. »
Les remous de la saga SVB se sont aussi propagés au milieu des cryptomonnaies.
La devise numérique USDC, dite « stable » car théoriquement indexée sur le dollar, a ainsi chuté depuis vendredi après que son créateur, Circle, a annoncé avoir laissé 3,3 milliards de dollars dans les caisses de SVB.
Plusieurs autres « stablecoins », censés protéger les investisseurs en cryptomonnaies contre la dérivée légendaire de cette industrie, ont également décroché, comme le Dai ou l’USDD.
Avec AFP