l’athlétisme français vers un zéro pointé ?



L’athlétisme, sport roi des Jeux olympiques, est dans le dur depuis bientôt cinq ans en France. En tout cas au niveau des médailles internationales. A 500 jours de Paris 2024, les mauvaises langues produisent une catastrophe annoncée de longue date. Une humiliation à domicile, devant 80.000 supporters au Stade de France, celle de révélé des Jeux avec une grosse bulle au tableau des médailles. La Fédération française d’athlétisme, sous l’impulsion de son directeur de la haute performance Romain Barras, n’y pense pas, mais se veut réaliste : « on ne fera pas 10 médailles ».

Comme un autre KM du Paris Saint-Germain, Kévin Mayer ne pourra pas sauver l’athlétisme tricolore à l’infini. Le double champion du monde du décathlon fut le seul médaillé lors des deux dernières compétitions internationales, l’or aux championnats du monde de Eugene en 2022, et le titre de vice-champion olympique à Tokyo l’été précédent.

Un bilan préoccupant, même si Romain Barras, directeur de la haute performance à la Fédération française d’athlétisme, ne veut pas regarder que le tableau des médailles. « Malheureusement, aujourd’hui le bilan c’est ça pour les gens, glisse-t-il. Mais je ne vais pas fuir mes responsabilités, il faudra des résultats et des médailles. L’agence nationale du sport compte sur l’athlétisme . » L’épée de Damoclès est donc bien au-dessus de la tête du champion d’Europe 2010 du décathlon mais ce qu’il veut avant tout, c’est voir des athlètes en progression jusqu’aux Jeux. Les 9 médailles européennes de Munich 2022 ou les 6 médailles d’Europe en salle d’Istanbul début mars permettent aussi de respirer. « Les belles surprises sont possibles, les attitudes sont bonnes. Je veux avant tout que chacun soit à 100 ou 105% de ses capacités le jour des Jeux. Je ne veux aucun regret dans leur vie. Après je suis ‘pessimiste/réaliste’, on ne fera pas 10 médailles. »

Lavillenie : « En 2008, j’étais à la rue et en 2009, j’étais médaillé mondial »

Les 500 jours qui nous séparent des Jeux olympiques donnent le vertige. « Personne ne sortira du chapeau au dernier moment », annonce Renaud Lavillenie, double médaillé olympique de la perche. Mais le glorieux ancien, qui aura 37 ans en 2024, croit dur comme fer à la progression de la jeune génération avant de goûter au tartan violet du Stade de France. « En 2008, j’étais à la rue et dès 2009 je suis champion d’Europe et médaillé mondial, ça montre qu’on peut jouer les avant-postes très vite, poursuivre-il. Mais pour cela, il faudra se confronter aux meilleurs, voyager pour progresser ».

Romain Barras sait la chance qu’il a d’avoir eu les mondiaux d’Eugène en 2022 et ceux de Budapest à venir cet été. « La Hongrie sera la dernière occasion de se confronter aux meilleurs. Le but est d’emmener le minimum d’athlètes qui n’aura pas connu une sélection en grande compétition ». La preuve de cette ascension dans la dernière ligne droite, c’est par exemple Just Kwaou-Mathey.

Les bonnes ondes françaises depuis Munich 2022

Le Normand JKM, inconnu du grand public il y a un an à peine, est désormais double médaillé continental. Il remporte le bronze à Munich sur 110m haies et le même métal sur 60m haies à Istanbul. « Ça donne une énorme confiance pour la suite. Je peux aller chercher de belles choses aux Jeux, dit-il. On représente un peu le renouveau de l’athlé avec Sasha Zhoya par exemple sur les haies ».

Zhoya, recordman du monde des haies espoirs, n’a pas encore explosé chez les seniors mais il reste du temps. Toujours sur les haies, Cyrena Samba-Mayela reste discrète en été mais est championne du monde en salle. Jules Pommery, Benjamin Robert, Jimmy Gressier sont d’autres gros talents de la génération 2024. « Il y a des trous de générations comme ça peut arriver dans tous les sports, selon Kwaou-Mathey, mais depuis les championnats d’Europe de Munich, quelque chose s’est créé. Je ressens des bonnes ondes. On ne pense pas du tout à passer à côté de cette chance-là. »

Le Stade de France pour transcender les Bleus ?

La folie et l’ambition de la jeunesse face à la mesure du champion Renaud Lavillenie. Le Clermontois ne pense pas sombrer dans le champagne aux JO. « On ne va pas se voiler la face, on ne va pas rafler la mise, mais il n’y a pas de raison de bloquer à une médaille. Et puis, il n’y a pas que les médailles. Je préfère avoir 15 finalistes et aucune médaille plutôt que 3 médailles mais 5 finalistes. »

Pour éviter de devoir choisir, Romain Barras a appuyé pour mettre en place une cellule d’optimisation à la Fédération française d’athlétisme. « C’est travailler avec le GPS, c’est avoir des protocoles d’altitude quand on va en montagne… des choses qui peuvent paraître évidentes, dans le rugby ça fait 10 ans que ça existe au moins. Mais l’athlétisme français avait tendance à se baser sur le ressenti, sur les habitudes. Certains diront que c’est trop tard avant Paris 2024, mais il faut avancer. » Un accompagnement mental est aussi mis en place pour affronter le Stade de France et la pression de jouer à domicile. « Je ne crois pas au avantage à domicile en plus… les vraies belles surprises d’athlètes qui se transcendent grâce au public le jour J, ça n’existe pas, prévient Barras. Si tu ne fais pas déjà partie du top 10/12 mondial, ça ne sert à rien le public ». Alors la FFA bosse, les athlètes y croient et tous se réunissent cette semaine à Tignes, pour échanger également sur les méthodes et les ambitions Celle de réussir Paris 2024, ou du moins ne pas passer à côté.



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